Les mots libérateurs et de remise en mouvement
Avoir un libérateur est essentiel lorsque l'on cherche à éduquer sans multiplier les ordres d'immobilité et en laissant le chien réfléchir, proposer et se gérer (le plus possible). Une fois le terme acquis, le chien à qui on demande un comportement va continuer de le produire jusqu'à libération. Dans l'hypothèse où je demanderais "panier" (ce que mon chien écouterait joyeusement bien sûr, grâce au renforcement positif préalable), il n'y aurait plus besoin de rien dire une fois le panier atteint, même pour faire durer la stabilité du chien à l'intérieur, jusqu'au mot libérateur. Sans vocable précis ayant ce sens, l'humain se sent souvent obligé - et, de fait, il l'est un peu - de répéter des "pas bouger" plus ou moins fréquemment et ce n'est que quand le chien est appelé (ou qu'il décide de sortir sans que ça ne gêne plus l'humain) que la demande se termine, pas toujours clairement, donc.
Si vous voulez une définition complète et des exemples d'utilisation du mot libérateur, vous pouvez regarder cette vidéo :
Si vous désirez la version ultra condensée, le mot libérateur est un "c'est bien + (notre exercice est terminé +) choisis ce que tu veux faire maintenant".
Il y a quelques mois, je n'utilisais qu'un seul mot libérateur en éducation. Vivant avec des chiennes plutôt stables, difficilement débordées dans notre quotidien, je ne m'étais pas aperçue que des nuances sont souhaitables, surtout avec un jeune chien énergique et/ou émotif. En laisse ou non, lorsque je dis "OK" pour franchir la porte et aller en balade, mes chiens passent tranquillement. En revanche, beaucoup de poilus venant en cours se propulsent au bout de leur laisse (et arrachent le bras à l'humain qui les tient) quand ils entendent le terme - ce qui, en soi, est très logique, puisque le OK instauré vaut pour choix et liberté.
J'ai donc d'abord invité les gardiens de chiens en suivi à choisir un autre mot pour annoncer la remise en mouvement après une attente demandée (rester assis/couché) ou implicitement attendue (je discute avec la voisine donc tu patientes tranquillement dans la position de ton choix), alors que le chien est en laisse ou longe. Ainsi, en entendant "on y va" par exemple, le chien sait que lui et son humain vont pouvoir se déplacer, sans risque de confondre avec une liberté totale, empêchée par la laisse, à ce moment-là.
Le petit hic du système, c'est que cela confortait certains chiens (et humains) dans l'idée que
qui dit OK dit sans laisse (ou laisse posée) dit liberté du chien
tandis que
"on y va" = laisse tenue = l'humain a le contrôle.
Le problème, c'est que même un chien en liberté doit pouvoir être récupéré sous contrôle au besoin. Sur ce point, pas trop de souci, avec un bon rappel et du renforcement de connexion visuelle. A l'inverse, on devrait avoir la possibilité de donner le pouvoir à un chien tenu en laisse ou longe, simplement dans le choix de son itinéraire de balade par exemple. C'est ici qu'une gêne a pu se faire sentir au niveau du chien (dans ce qu'il ressentait ou dans la compréhension des attentes de l'humain).
Avec des poilus pouvant être très envahissants envers leurs congénères ou avec des individus sensibles à qui l'on veut donner du choix dans la possibilité d'aller rencontrer l'autre tout en sécurisant l'approche, la longe est indispensable. C'est elle qui va permettre de faire ralentir/dévier le chien qui voudrait foncer droit sur son semblable, elle qui va l'aider à se freiner quand il faut, à faire le choix de flairer avant d'avancer, mais aussi un outil qui favorisera un meilleur rappel.
Pour ces chiens, attachés donc, le OK n'est pas adapté, mais le "on y va" peut ne pas l'être également. Le problème de cette expression, comme elle est utilisée la plupart du temps par le binôme, c'est qu'elle confie les rênes à l'humain. Avec elle, ce dernier annonce qu'on (re)part et choisit une direction. L'expression sert par exemple quand un duo en rejoint un autre sur le terrain, sans qu'une rencontre soit de suite possible : l'humain autorise à passer le portillon fermé mais ne donne pas accès au congénère en face pour autant. Elle sert également lors de travail autour des croisements, où, dans un premier temps, un des binômes est immobile alors que le second le double. Quand c'est le tour de celui qui attendait sur le côté, l'humain déclare "on y va" pour dire à son chien que le mouvement reprend, sans pour autant laisser décider le chien de ce qu'il va/veut faire ensuite, puisque le jeu consiste à passer en ignorant son semblable.
Le "on y va" ainsi instauré n'est donc pas vraiment compatible avec le fait de laisser le chien décisionnaire. Pour proposer au chien attaché d'avancer vers un humain/un chien, sans le lui imposer, un terme manquait, finalement. Si le OK pouvait être utilisé avec les plus introvertis, les plus délicats en laisse, il ne convenait pas aux jeunes ados désireux de contacts et malhabiles dans leur approche. Quant au "on y va", il pouvait amener des chiens agressifs en rémission à mal réagir car ils se sentaient obligés d'avancer sans en avoir la moindre envie. C'est alors qu'a été introduit un "je te suis"/"tu peux y allercomme tu veux". Cette dernière expression offre du choix au chien tout en lui indiquant que l'humain le tient (et qu'il préfère ne pas faire le drapeau derrière).
Pour résumer, trois types de libérateurs me semblent désormais intéressants pour mieux communiquer avec nos chiens :
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Le OK (ou autre) donne liberté totale au chien qui est en libre ou en longe posée. Il laisse libre choix sur l'activité et l'allure. C'est notamment le vocable des sorties sans risque de rencontres imprévues. L'humain reprendra le contrôle par un rappel (ou quand son chien lui rendra les "clés" pour se remettre à travailler, en se reconnectant de lui-même).
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Le ON Y VA (ou autre) annonce la reprise du mouvement au chien qui, en laisse ou non, devrait rester attentif aux attentes/demandes de l'humain. Il devrait notamment faire attention aux arrêts, aux mouvements d'épaules et changements de direction de ce dernier. C'est sous cette directive que peut évoluer un chien détaché dans une rue en ville, mais aussi un chien en longue laisse sur un marché bondé. Un des deux autres libérateurs redonnera les rênes au chien dès que l'environnement s'y prêtera.
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Le JE TE SUIS (ou autre) offre une liberté partielle à l'animal : il est attaché à son humain mais a le choix dans les pauses, les directions, les contacts. C'est l'expression par définition de la balade détente en longe pour le jeune ado manquant de rappel ou le chien dit réactif, quand ils sont promenés dans un lieu a priori adapté mais qu'on tient à sécuriser tout le monde malgré tout. L'humain reprendra le contrôle par une tension de longe ou un rappel.
Pour ma part, j'en ai rajouté un quatrième, très utile pour encadrer des apprentissages où le chien doit proposer et éventuellement deviner et construire le comportement attendu.
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Le GO libère le chien de son attente alors qu'on se préparait soi ou qu'on préparait la scène de l'apprentissage ; il autorise le chien à commencer à proposer ce qu'il pense être le comportement attendu. C'est particulièrement pratique quand l'humain a besoin de prendre du recul par rapport au placement de son chien, comme pour un départ d'agility. Dans cette vidéo par exemple, l'envoi à la caisse permet d'instaurer une attente claire et le "go" dit à Nagg qu'elle peut sortir et essayer de déclencher la récompense par ses actions.